Comment l’université broie les jeunes chercheurs (2022)
Présentation de l’éditeur
De retour d’un terrain, Laurine repousse les mains de son directeur de recherche, un géologue influent qui n’apprécie pas qu’on lui tienne tête et fera tout pour détruire sa carrière. Dans son laboratoire de biochimie, Baptiste se fait exploiter et insulter par son encadrant de thèse, un homme sanguin, homophobe et raciste. À l’autre bout de la France, Sarah, doctorante en anthropologie non rémunérée, essaie de survivre malgré le caractère imprévisible de sa directrice, la violence de l’administration, la perfidie de certains collègues et la détresse de ses amis. C’est un mal qui ronge la filière d’excellence du système universitaire français : la précarité, le harcèlement et la culture du silence. Chaque année, plus de 15000 doctorants se lancent avec passion dans une thèse, mais à l’université, les dysfonctionnements engendrent les déviances. Manque de moyens, lourdeur d’une administration sans affect, compétition féroce et surtout toute-puissance des directeurs de thèse ont ouvert la voie au harcèlement, moral et sexuel, à la pression, aux sollicitations sans limites ou encore à la dévalorisation du travail des jeunes chercheurs, quand il ne s’agit pas simplement de se l’approprier. Cette enquête richement documentée perce le silence et appelle à un changement urgent, dont les premières étapes pourraient être déployées rapidement et sont proposées par l’auteure.
Note de lecture tangente
Après plusieurs discussions avec des collègues, l’auteure, elle-même docteure en neurobiologie, a voulu en savoir plus sur le ressenti, parfois très négatif, des doctorants. L’enquête « vie de thèse » lui apporte bien plus de matière que prévue. Ce livre présente trois témoignages accablant de jeunes chercheurs (Laurine, en géologie, Baptiste, en biochimie, et Sarah, en anthropologie) sur leurs années de thèse. Ces histoires, choisies parmi les nombreuses réponses reçues, sont accompagnées de l’analyse statistique des résultats de l’enquête. Elle révèle que les harcèlements et autres abus sont assez fréquents, quand ils ne relèvent pas de la norme dans certains labos. L’auteure explique ce phénomène par la reproduction de comportements d’une génération de chercheurs à la suivante, les déviances étant, de plus, exacerbées par le stress lié à la course à la publication. Les jeunes qui en font les frais sont le plus souvent isolés, dépendants financièrement et affectivement.
Au-delà du triste constat, ce livre se veut un outil pour faire évoluer la situation. D’abord en mettant des mots sur un ressenti dévastateur et en essayant de décrire le processus qui conduit à la destruction d’une personne, mais aussi en proposant des garde-fous à mettre en place dans les universités pour éviter les abus de pouvoir et permettre un vrai suivi des étudiants.
Marque éditoriale : AUTREMENT
Collection : Essais
Actualités, Reportages – Société (culture, éducation, famille, mode, religion, sexualité)
Texte en français
